L'anthologie est disponible (15€ pour la version papier, gratuit pour la version ebook sur Le site des Artistes Fous Associés ou à lire en ligne sur la plate-forme wattpad).
Jusqu’à ce que la mort nous réunisse – Préface
Difficile de faire un thème plus universel que la mort, il suffit de
voir le succès de notre appel à textes (environ 200 participations)
pour comprendre que c’est un sujet qui parle à tout le monde.
Toute chose a une fin et la mort est peut-être celle qu’on connaît
le mieux et le plus mal. Tout le monde est confronté à la mort
pourtant, si l’on met de côté les connaissances biologiques, on
ne sait pas vraiment l’appréhender.
Il y a la mort en elle-même bien sûr, le décès qui fascine et
terrifie par son caractère définitif. On construit toute sa vie
dans la connaissance de sa finitude. Son dénouement pousse à faire
les choix qui vont dicter le chemin qu’on suit : vivre
sainement et repousser au plus tard l’inéluctable ou vivre vite et
mourir jeune comme James Dean. Elle fascine par son inéluctabilité
et son imprévisibilité ; ce qui en fait un thème si riche,
probablement celui le plus représenté dans les arts ;
alimentant tous les fantasmes : Éros n’est jamais loin de
Thanatos.
Mort et Vie sont deux faces d’une même pièce. Et quand on parle
de la mort dans la culture et l’inconscient collectif on parle
aussi de son pendant : l’immortalité. Du Lazare antique au
zombie moderne, ceux qui trompent la Faucheuse sont fascinants et
effrayants. Car ils sont contre-nature : usurpant l’attribut
d’un dieu ou s’affranchissant de la biologie selon les époques
et les points de vue ; comme des avatars d’un fantasme tabou.
La Mort, la Vie, mais dans ce thème il y a aussi l’Après-Vie. Le
trépas n’est-il qu’une fin ? Bien sûr les religions et
certaines philosophies ont la réponse et prétendent que ce n’est
pas « 42 » : l’Enfer, le Paradis, le Purgatoire…
ou plutôt les Enfers, les Paradis et les Purgatoires ; car dans
l’inconscient collectif il y en a une variété incroyable. Sans
oublier la réincarnation… et toutes les variations et hybridations
de tous ces concepts. L’imaginaire est peuplé de ces univers
ouverts à l’exploration. Et nos genres de prédilection dits « de
l’imaginaire » ont toujours eu une affinité pour de tels
univers ; une forte accointance qui fait de ces thèmes des
incontournables.
La mort c’est aussi le deuil : on nous apprend dès la
jeunesse à cohabiter avec les vivants, pour les morts il faut
apprendre « sur le tas ». Car chaque vie est comme une
lumière laissant une trace sur un film photographique ; et
quand elle prend fin, elle laisse une ombre. Rares sont ceux qui
disparaissent dans une totale indifférence et il y a toujours des
gens qui doivent composer avec cette ombre. Alors nos vies et notre
imaginaire sont peuplés de fantômes – plus ou moins
métaphoriques.
Un seul mot, à la définition sans équivoque, et cependant un thème
portant une variété infinie d’histoires possibles. Nous ne sommes
pas les premiers et ne seront pas les derniers à proposer une
anthologie sur un sujet aussi universel. Mais il nous semblait
intéressant de livrer notre vision, comme lors de chacune de nos
anthologies, une vision décalée et pourtant sérieuse, une vision
« folle » et pourtant pertinente. Bref ce qui a toujours
fait les Artistes Fous : un ensemble d’auteurs et
d’illustrateurs tellement hétéroclites que l’ensemble est
cohérent.
Et dans ce sens, s’attaquer à un tel sujet était presque une
obligation. Tous les artistes ont leur mot à dire à son propos.
Cette anthologie s’inscrit donc dans la continuité de notre ligne
éditoriale d’aborder de grands thèmes classiques de la
littérature avec notre propre vision ; en gardant les sujets
plus impertinents pour notre collection de contes…
Une continuité qui passe par le retour de fous de la première
heure, de fous occasionnels et de nouveaux internés qui nous
rejoignent à cette occasion. Un mélange nécessaire entre
patrimoine et renouvellement permanent, car comme un organisme vivant
c’est en luttant contre l’inertie qu’on évite la mort
(rattrapage aux branches, check). Une anthologie sur la mort afin de
proclamer que nous restons et resterons vivants.
Vous retrouverez donc dans ces pages tout ce qui fait le sel de ce
grand thème, tout ce qui fait le sel des littératures de genre et
tout ce qui fait le sel de nos anthologies. Vous y affronterez la
mort, implacable et inéluctable (Ne va pas par là, Le
mécanisme de la mort du langage) et le fantasme humain d’avoir
un contrôle sur sa propre fin ou celle d’autrui (Mammam-IA,
Venus Requiem) mais aussi l’immortalité et sa quête folle
(Demain sera un autre jour, Die Nachzehrermethode, La dette du
psychopompe) et finalement l’aboutissement de tout ça, dans le
deuil et les rites mortuaires (Tri Nox Samoni, Le Chemin de la
Vallée inondée, Le fils du tyran).
Bien sûr nous ne vous laissons pas en terrain inconnu et vous
retrouverez des figures familières et incontournables avec la Grande
Faucheuse (Le moine copiste et la Blanche-Face, Oh oui…) et
malgré l’absence de zombies classiques vous croiserez des
morts-vivants hors normes (Robô, Le temps des moissons) et
pléthore de fantômes (Ambre Solis, Les âmes de la foire,
Délivre-nous du mal, Le manoir aux urnes).
Comme toute vie, une préface doit avoir une fin. Alors n’épiloguons
pas, je vous laisse avec les dix-huit auteurs qui ont su déployer
une imagination mortelle pour vous divertir.
Vincent « Vinze » Leclercq,
secrétaire de l’association et co-anthologiste.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire