Retravaillée et republiée sous CC-by je sais plus trop quand sur wattpad...
Nique ma Terre
2022, prenez ça les mayas.
Dommage, à dix ans près c'était bien vu, là vous êtes passés pour des
cons. Et maintenant je suis l'un des seuls à pouvoir dire que vous aviez
« presque » bon.
De l'espace, on ne voit
pas les détails. Selon la légende urbaine, on pourrait voir la muraille
de Chine depuis la Lune ? On ne la voit même pas vraiment depuis l'ISS
qui est mille fois moins loin. Mais « par temps clair » on distingue
bien les continents verts et marrons, les océans bleus et les grandes
zones urbaines grises.
Par contre, depuis la station, les explosions nucléaires furent parfaitement visibles.
Ma réaction fut
viscérale. Certains parlent de l'estomac noué, les anglo-saxons parlent
même de papillons dans l'estomac. Franchement, chez moi ça s'est passé
bien plus bas, dans les intestins et les couilles. Et l'impression n'est
pas celle de jolis papillons voletant gaiement. Ce serait plutôt une
infestation de vers.
L'image de vers en
train de me bouffer les couilles de l'intérieur suffit à me faire vomir.
Vomir en impesanteur est une expérience unique. Les gouttelettes
immondes se baladent en grappe jusqu'à trouver une paroi à laquelle
s'accrocher.
Et il ne fallait pas
compter sur Kirill pour me donner un coup de main pour nettoyer. Mon
camarade russe était tombé en profonde catatonie. Bien avant que sa mère
patrie ne fut à son tour touchée.
La première explosa au
Moyen-Orient. Pas vraiment une surprise, ça faisait un bout de temps
qu'ils s'amusaient à fumer dans la poudrière. Israël ou l'Iran ; pour ce
que ça change. Puis les États-Unis : à vue de nez un combo
New-York/Washington puis Miami ou Cap Canaveral puis la côte ouest avec
un combo Los Angeles/San Franciso et enfin un truc dans le désert – je
ne suis pas terrible en géographie – quelque part entre Las Vegas et
Dallas... peut-être la zone 51, allez savoir, c'est peut-être un
objectif militaire valable.
Pendant ce temps, en
Europe, c'était un triplé gagnant Londres-Paris-Berlin. Enfin,
grosso-modo. Tout le monde se fout de faire péter l'Acropole.
La Chine, bien sûr, ne
fut pas en reste bien longtemps, avec un concentration sur la côte est ;
comme pour l'Acropole, tout le monde se fout bien d'exploser la face du
Dalaï-lama. Et la Russie, avec Moscou, Saint-Pétersbourg et une
explosion quelque part en Sibérie. Peut-être les ricains qui ont fait
sauter Toungouska pour se venger de la zone 51.
Après, forcément, tout
le monde veut entrer dans la danse : les Australiens sont rarement loin
quand il faut imiter les Américains. Melboum ! Puis ça s'est propagé au
reste de l'hémisphère sud : Afrique et Amérique Latine.
Ensuite il serait ardu
de faire une chronologie. Tout cela s'était passé en quelques minutes,
moins d'une demi-heure. Même si de mon point de vue panoramique les
secondes défilaient au ralenti. Ardu parce que je devais poursuivre mon
propre vomi tandis que mon tovarich était en mode veille. Ardu
aussi parce que les nuages s'élevant des premières explosions ne
tardèrent pas à couvrir la vue des suivantes. Je ne suis déjà pas doué
en géographie, mais sans aucun repère en dehors d'un bref éclair rouge
sous une chape noire je sèche.
Enfin, déjà, pour la
grande majorité, ce ne sont que des extrapolations... Au dessus de
l'Atlantique Nord on ne voit pas grand chose en dehors de l'eau, de la
côte est des USA et de l'Europe de l'Ouest. Mais si je me contentais de
raconter ce qu'il s'est passé entre la 80° ouest et la 40° est ce serait
moins marrant. Et puis en une heure et demie on a fait tout le tour
(l'avantage d'une orbite basse pour faire du tourisme). Je vous rassure,
à ce moment les pôles et le Groenland allaient encore à peu près bien.
Pour toutes les zones habitées ça puait sérieux ; même le Sahara
commençait un peu à refouler du derche, vu comment le pourtour
méditerranéen avait morflé sévère.
***
Le train ne passera pas en gare.
Et on est deux
couillons bloqués sur le quai. Avec un couillon muet en prime. Kirill
est vaguement sorti du coma. Il se déplace un peu, mange, va pisser ou
chier. Mais il ne parle plus. C'est vrai que par le passé j'ai rêvé de
lui en coller une pour qu'il la ferme. Et là je donnerais n'importe quoi
pour qu'il se décide à dire quelque chose. Une blague de cul pourrie.
Ou même un truc en russe que je ne pigerais pas.
Je ne sais pas s'il y a
encore de la vie sous la couche de poussière. Si ça se trouve, nous
sommes les deux derniers humains encore en vie. Et ne comptez pas sur
les deux mâles de la station spatiale pour repeupler la Terre – même si
c'était possible, et même avec beaucoup d'alcool, Kirill est vraiment
trop laid.
Sans contact avec le
sol pour le ravitaillement on peut espérer survivre au reste de
l'humanité presque un mois. Alors quel intérêt de rapporter les faits ?
Des fois, je me le demande. Déjà, ça fait passer le temps. Rester
immobile les yeux dans le vide ça amuse peut-être mon ami russe, j'ai
besoin d'autre chose.
Qui sait, une petite
partie de l'humanité va peut-être survivre dans des bunkers. Quand ils
émergeront au milieu des mutants dans quelques milliers d'années et
qu'ils reviendront dans l'espace, mon témoignage les intéressera. Alors
les humains du troisième ou quatrième millénaire, vous aimez la planète
qu'on vous a laissée ? Face à vous, mon sort n'est pas si pourri que ça,
au moins à bord de la station il nous reste un peu de chocolat. Je
parie que vous ne savez même pas ce que c'est. Ahah ! Dans vos faces !
Ceci étant dit, je ne
souhaite pas vraiment voir l'humanité s'en relever. Quand on voit sa
bêtise balayer la planète comme une vague le ferrait avec un château de
sable...
Je dois avoir l'air bien
aigri. Que voulez-vous, après tout je suis un enfant de l'humanité ; et
un enfant n'aime pas être abandonné. Abandonné à notre sort dans une
canette volante en orbite, comme de vulgaire clébards sur une aire
d'autoroute.
L'humanité s'est
organisé un grand suicide collectif et j'en ai été exclu. Alors c'est
comme ça que réagissent les enfants avec qui personne ne veut jouer. Le
reste de l'humanité ne s'est pas soucié de nous laisser crever ici à
petit feu, pourquoi je devrait pleurer son sort ?
Chacun réagit à sa
manière. Kirill est tombé en catatonie, moi en rancœur. Je pisserais
bien sur vos tombes, si elles n'étaient pas hors d'atteinte.
***
Aujourd'hui, grande braderie sur le paradis !
Après tout les
religieux de tout bord ont toujours trouvé toutes les réponses à toutes
les questions dans des bouquins qui ne savaient pas que ces questions se
poseraient. Alors s'ils avaient survécu je me demande bien comment ils
auraient justifié ce qu'il vient de se passer. Le péché, l'armageddon –
et pas le film qui ridiculise les astronautes, celui des vieux bouquins
précités – et puis à la fin « Dieu reconnaîtra les siens ». Non, le
pire, je pense, c'est qu'ils n'auraient eu aucun mal à justifier
l'injustifiable ; comme à leur habitude.
Je pense que l'image de
la braderie doit bien correspondre. Dire que ceux qui ont dévoué leur
vie à suivre vertueusement une doctrine sont mort comme les autres,
c'est à dire comme des merdes, me réconforte un peu.
Il faut dire que dans cette situation, l'espoir d'une vie après la mort a quelque chose d'alléchant.
***
« Alors, on boit un coup ou on s'encule ? »
Depuis que je l'ai
saigné, Kirill est un peu plus facile à vivre. Mais je lui parle encore
un peu. Ça fait maintenant presqu'un mois. Et c'est la dernière gorgée
d'alcool dans la station. Peut-être même dans l'univers, sauf si les
extraterrestres picolent.
Je vais le boire ce
coup, et ensuite probablement que je vais l'enc... Quoi ? Un cadavre n'a
que peu d'utilité dans une station spatiale. Je vais pas non plus le
bouffer. On n'a rien pour faire cuire la viande, juste des micro-ondes
pour réchauffer nos rations dégueux. Et je ne vais pas le bouffer cru,
c'est un truc à mourir encore plus vite. Déjà que d'ici moins d'une
semaine mes seules options seront de me suicider ou d'attendre de crever
de déshydratation. De toute façon rien ne sert d'essayer de faire tenir
les rations : l'eau sera épuisée bien avant. Sans compter des quelques
radiations que la station ne peut pas filtrer et de l'effet de
l'impesanteur sur le corps humain.
Non, mon temps est
compté en jours, éventuellement en semaines. Il faut bien que j'en
profite maintenant, dans quelques jours son corps va se mettre à pourrir
et à embaumer toute la station. Vomir, ça y est c'est déjà fait, je ne
tiens pas à recommencer tout de suite.
Dernier verre de ma vie. Nasdrovia !
Je me rappelle des dernières paroles de Kirill, en anglais avec son accent russe à couper au couteau : « On va crever ici ! »
Bien vu l'aveugle ! Il m'a tellement saoulé que je ne l'ai pas laissé
épiloguer sur le sujet. C'est déjà suffisamment dur de voir ses derniers
jours approcher qu'il n'est pas nécessaire qu'un rabat-joie tourne
incessamment le couteau dans la plaie. Alors j'ai joué du couteau le
premier. Finalement il aurait mieux fait de continuer à jouer la carpe.
Ce n'était pas de
gaieté de cœur mais je n'ai pas vu d'autre alternative. Il était
complètement à côté de la plaque depuis qu'il s'était convaincu que sa
femme et sa fille avaient claqué sur Terre. C'était presque de la
charité d'abréger ses souffrances. Mieux vaut seul que mal accompagné,
parait-il. Un casseur d'ambiance comme mon camarade russe, c'est un
mauvais accompagnement. Comme ça, avec les provisions de nourriture et
de flotte, je double mon espérance de vie. Deux fois pas grand chose ce
n'est pas terrible, mais c'est mieux que rien.
Ce n'est pas non plus
comme si j'avais tué un homme qui avait toute sa vie devant lui. Meurtre
ou euthanasie, c'est jouer sur les mots. Comme il n'y a plus personne
pour prendre les décisions, j'ai décidé de faire mes propres lois. Et
dans ces lois, l'euthanasie est autorisée. Puisque ma dictature
personnelle se doit d'avoir un nom, je lui ai donné un nom parfait pour
une dictature : république populaire de l'ISS. Et ne venez pas me faire
chier, c'est la dictature la plus démocratique que je connaisse : toutes
les lois sont votées à l'unanimité de toute la population. Et je pense
bien être un précurseur en la matière. Je viens d'ailleurs d'être élu
grand président suprême de la république populaire de l'ISS à
l'unanimité – et en tant que responsable de la commission électorale, je
confirme que ce plébiscite ne fut entaché d'aucune irrégularité. Eh
oui, après avoir choisi le nom de ma dictature, j'ai choisi mon
dénominatif de dirigeant. « Grand président suprême » c'est la classe ;
tout en gardant le minimum de sérieux dû au rang et au protocole. Ce
n'est pas que je m'attende à beaucoup de visites diplomatiques ; mais au
moins, si un jour il doit y avoir des livres d'histoire, c'est ainsi
que je tiens à ce que l'on parle de moi.
***
Plus d'un mois déjà.
Je viens d'achever ce qui doit être ma millième partie de Tic-tac-toe
contre moi-même. Cette fois ce sont les croix qui ont gagné. Au bout
d'une cinquantaine de matchs nuls consécutifs, j'en ai eu marre et j'ai
commencé à jouer aléatoirement. Si j'avais noté les scores je pourrais
vous dire qui des croix ou des ronds mène sur l'ensemble des milles
parties. Si je l'avais noté et si ça avait le moindre intérêt...
Pour meubler le temps
il faut bien trouver quelque chose. Les distractions sont en nombre très
limité sur la station. Prochaine étape : concours de
pierre-papier-ciseaux entre ma main droite et ma main gauche. Ma main
droite part avec un désavantage : c'est une vraie branleuse. Oui c'est
aussi une occupation qui passe le temps. Les premières fois en
impesanteur, comme pour le vomi, c'est assez marrant ; mais on se lasse
vite.
Une manière de passer le
temps en gardant le moral, c'est essayer d'énumérer tout ce qui est
mieux maintenant. Bien sûr je pourrais parler de l'éradication de la
faim dans le monde ou du SIDA, mais ce serait vraiment de mauvais goût.
Et trop facile, trop consensuel et trop démagogique.
Une bonne chose, c'est
que je peux maintenant glander et ne fournir aucun résultat, sans que
mon supérieur ne puisse gueuler ou me virer une fois de retour sur la
terre ferme. En plus, je n'aurai plus jamais à voir sa grosse tête de
con sur les écrans de transmission, ni en face à face. Et savoir que ce
bureaucrate incompétent ne foulera plus jamais le même sol que moi,
c'est un soulagement sans commune mesure.
Autre point positif :
Je ne serai plus jamais réveillé à l'aube par les enfants de mes génies
de voisins du dessus. Oui, quand on installe du parquet dans son
appartement en sachant que ses enfants en bas âge sont à la limite de la
super-activité, j'appelle ça une idée de génie. C'est tellement drôle
de courir de l'aube au soir sur du parquet ; mais personne n'y pense, en
dehors de génies tels que mes voisins du dessus.
Restons concentré sur
le positif... On ne sera plus obligé d'écouter les conneries des
politiques à la télé. Quoi que ce ne soit pas totalement vrai, dans ma
nouvelle démocratie autocratique, je continue d'écouter mes propres
conneries ; mais il n'y a plus de télé pour les diffuser.
Je dois avouer que je
sèche un peu. Il est plus difficile qu'il n'y paraît de ressortir du
positif de l'affaire. Ça craint quand même pas mal. Au moins la plupart
des gens sur Terre n'ont probablement pas eu le temps de souffrir. Moi,
je dois me faire chier comme un rat mort avant de finir comme ledit rat.
Parce qu'il ne faut pas
se voiler la face, comme disent les islamophobes, la mort dans mon cas
est inéluctable. Comme la pluie à Brest ou une connerie de la bouche de
mon ex. Inéluctable. Alors je perds mon temps en tergiversation, jeux
inutiles contre moi-même et considérations pseudo-philosophiques
nombrilistes ; pour ne pas penser à la décision qui va se poser ; avant
que le sort ne décide à ma place.
***
La décision devait être prise.
J'aurais retardé jusqu'au bout, mais il ne me reste plus rien à
espérer. Pas de miracle de dernière minute, même si je n'en attendais
pas vraiment. Mais il paraît que « tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir »... Ou est-ce l'inverse ? De toute façon, là, de l'espoir, il n'y en a plus une once pour moi. Alors l'expression logique « vie → espoir » est équivalente à sa réciproque « ¬espoir → ¬vie » qu'on pourrait traduire par «s'il n'y a plus d'espoir, il n'y a plus de vie », ce qui décrit bien ma situation. « L'espoir fait vivre... », c'est là que je réalise que pour une banalité à la con, c'était finalement assez juste.
Les débats à
l'Assemblée concernant cette dernière décision furent houleux.
Heureusement que j'étais le seul à débattre avec moi-même, plus de gens
et ça finissait probablement en pugilat. Un pugilat qui aurait eu le
mérite de résoudre le problème en closant le débat. Mais je ne me suis
pas auto-pugilé la gueule, ce qui me laisse face à cette décision.
Il n'y a pas d'arme à
feu à bord de la station. Ça limite déjà un peu les options. Se tirer
une balle dans le crâne n'en est donc pas une.
Il y a bien des
médicaments en quantité suffisante. Mais je ne suis pas médecin, c'est
difficile de prévoir comment le corps réagira à une overdose. Je ne veux
pas mourir après avoir passé plusieurs heures à me convulsionner de
douleur à cause d'une étrange réaction chimique dans mon estomac. Il
paraît que l'overdose de paracétamol fait un gros trou dans l'estomac,
on meurt alors que les sucs gastriques commencent à attaquer le reste
des organes ; ce n'est pas le genre de mort que je veux.
Une autre solution
serait de faire une dernière sortie sans combinaison. Et sans autre
alternative, j'aurai probablement opté pour celle-là : pas le temps de
souffrir. Mais étrangement l'idée de voir mon corps sans vie errer dans
les limbes du vide sidéral me gène un peu. Mon ego réclame un mausolée,
même si ce doit être une boite de conserve spatiale qui en fait office.
Donc se couper les
veines devient l'option en pôle position. D'autant qu'on est équipé en
lames de rasoir. Les poignets, ça fait trop adolescente qui vient de
connaître son premier chagrin d'amour. Et puis avec les poignets il y a
des risques de se manquer. Je ne cherche pas à faire passer un message à
mes parents sur mon mal-être, je cherche juste à en finir proprement au
moment où je l'ai décidé. Donc mon choix s'est arrêté sur l'artère
fémorale. C'est rapide et efficace ; et probablement moins douloureux
que les poignets. Je ne suis pas une chochotte mais, tant qu'à faire, si
je peux limiter au maximum la douleur c'est toujours ça de gagné.
C'est décidé, dans cinq
minutes je me tranche l'artère fémorale au rasoir. Je me suis défoncé
aux antalgiques ; je vais partir sans rien sentir, avec le sourire aux
lèvres. Je flotte dans la salle principale, nu comme un ver. Je ne vois
pas pourquoi je serais pudique pour un suicide sans audience.
D'ici, j'ai une vue
presque panoramique sur cette boule à l'atmosphère opaque qui fut ma
planète il n'y a pas si longtemps. Une planète où je suis né et où,
malheureusement, je ne pourrai pas mourir. Si j'avais eu le choix
j'aurais aimé y mourir et être enterré auprès de mes parents. Mais dans
la mort, comme dans la vie, on n'a pas toujours ce qu'on veut. Alors je
vais mourir seul et en impesanteur dans une station orbitale qui me
servira de tombeau. Notre petit nid de mort à Kirill et moi.
D'ailleurs, j'en
profite pour passer un message aux éventuelles générations futures qui
pourrait lire ces mémoires : Si vous avez un peu de place pour ramener
nos carcasses et les enterrer sous la terre ferme ce serait sympa,
merci.
Je tranche net. C'est du
moins l'intention que j'avais. Il se peut que mon geste ait tremblé,
mais le résultat est le même. La fontaine de sang projette les gouttes
dans une gerbe pourpre. La lame ensanglantée que je viens de lâcher
flotte là, tout à côté. Avec les reflets du soleil sur la lune, l'image a
quelque chose de poétique, fantasmagorique. Peut-être est-ce l'effet
des tranquillisants qui me fait dire ça. C'est en tout cas plus agréable
à regarder voleter en impesanteur que du vomi.
C'est dingue la quantité de sang qui peut s'écouler avant que l'on ne perde conscience.
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